Avec Progress, fini les tensions de recrutement

Par Thierry Allard

Pour faire face à leurs difficultés de recrutement, plusieurs grands groupes présents dans le Gard ont décidé d’unir leurs forces pour fonder un groupement d’employeurs.

Ils partirent quatre mais par un prompt renfort, ils se virent onze en arrivant au port... Tout est parti en 2017 de Petite Camargue. Nestlé Waters (Perrier), Syngenta, Eminence et Royal Canin, quatre grands groupes tous basés dans ce petit périmètre situé au sud du département, ont uni leurs forces pour créer, sous forme d’association loi 1901, un groupement d’employeurs baptisé Progress. 
L’idée : cesser la concurrence stérile à l’embauche sur des profils en tension, notamment dans la maintenance industrielle et la logistique en formant des talents embauchés en CDI et partagés entre les différents adhérents du groupement en fonction de leurs besoins à l’instant T. 

Depuis, Progress a bien grandi et a même fait évoluer sa raison d'être. De quatre membres, l’association est donc passée à onze. On y retrouve d’autres majors implantées localement, comme Sakata (Uchaud), Saint-Mamet (Vauvert), DMS (Gallargues) ou Haribo (Uzès) côté gardois ; et Hexis, Carte Noire ou Exaprint outre-Vidourle. Par ailleurs, son champ de compétences s’est élargi.

Professionnalisation 

« Nous accompagnons les entreprises au quotidien tant sur les besoins en recrutement que la montée en compétences et les services de ressources humaines externalisés. Nous intervenons également sur les projets de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), les grilles d’évaluation, la cartographie de compétences, et la création d’évaluations pour définir les besoins en formation », énumère Aurélie Paque, la responsable de Progress. 

La stratégie adoptée est donc désormais de privilégier la montée en compétences et le placement des salariés chez les adhérents via des contrats de professionnalisation, plutôt que de mettre à disposition ces compétences en temps partagé, comme à l’origine. 

« Nous avons quelques-uns de ces contrats mais ce n’est pas le cœur de l’activité », précise Aurélie Paque. L’ambition est désormais de proposer des parcours de formation ad hoc, de six à dix-huit mois, un temps suffisamment long pour bien connaître les candidats, « leur niveau de motivation, de performance »... mais aussi leur savoir-être. 

« C’est la qualité la plus difficile à détecter, à évaluer et à tenir », reconnaît la responsable. Le suivi au long cours permet donc de limiter, aussi, la prise de risque sur ce chapitre. Progress y fonde d’autant plus d’espoirs qu’il forme souvent à des métiers très éloignés des compétences initiales des candidats. 

« Un vrai challenge »

« Les ‘soft skills’ sont un préalable, le savoir-faire peut s’acquérir ! », estime Aurélie Paque. Pour parvenir à ses fins, Progress met à disposition des salariés les formations correspondant exactement aux prérequis des entreprises du groupement. « Il y a de vrais succès, une valorisation, et une confiance qui engendre beaucoup d’engagement de la part des personnes que nous accompagnons », affirme la responsable de Progress. Et ça marche ! Le taux d’embauche au sein des entreprises adhérentes à l’issue du parcours de formation est de 70 %. 

En ces temps de pénurie de main d’œuvre, Progress se pose comme un atout “emploi” dans la manche de ses membres. Le groupement s’inscrit comme « une ressource supplémentaire à ce que ces entreprises ont déjà mis en place en interne ; mais aussi un moyen de fidélisation et de formation des salariés dans de meilleures conditions », estime sa dirigeante. Ainsi, le groupement grandit lentement. « Chaque adhérent ne rentre que par cooptation et par relation. Il n’y a pas de prospection, ce qui crée un climat de confiance », explique Aurélie Paque. 

D’ailleurs, la présidence de l’association tourne entre les différentes entreprises des membres fondateurs. Son équipe, progressivement élargie à 12 collaborateurs, passe le plus clair de son temps sur le terrain, auprès des adhérents et de leurs besoins. C’est aussi comme ça que Progress... progresse!