Et si on prenait notre « pied sur terre »

Par Julien Claudel - Photographe Julien Claudel

À travers un programme original de parrainage d’arbres, la Scop Agroof, basée à Anduze, propose aux entreprises de se rapprocher des agriculteurs en soutenant le développement de l’agroforesterie.

Même le froid de canard (sauvage ; on est au bord des étangs du Charnier et du Scamandre) ne les arrête pas. L’hiver venu, les équipes d’agroforestiers plantent sans relâche. Ce matin de janvier, c’est au domaine viticole du Scamandre, chez Nadine et Franck Renouard, qu’un chantier particulier prend tournure. L’objet du rendez-vous : la plantation de 160 arbres et arbustes, au beau milieu du vignoble créé il y a vingt ans à Vauvert et cultivé en bio. Amélanchiers, pistachiers térébinthes, amandiers, cormiers, chênes pubescents… autant de plants d’origine locale vont bientôt prendre racine ici. 

« Sur des photos aériennes des années 1950 on voit bien que, ici comme sur toute la plaine des Costières, il y avait de nombreux espaces boisés datant d’avant la généralisation de la vigne et des vergers », explique Daniele Ori, ingénieur conseil et formateur à la Scop (société coopérative et participative) gardoise Agroof, située à Anduze.

Restauration 

Depuis plus de vingt ans, ce bureau d’étude est spécialisé dans la recherche, l’ingénierie et la formation sur les systèmes agroforestiers. Planter des haies et des arbres sur des sols agricoles, c’est permettre à la flore et à la faune de retrouver le gîte et le couvert que des décennies de monocultures intensives ont patiemment abîmés. C’est aussi mieux gérer les ressources en eau, réduire l’usage de produits phytosanitaires et s’adapter, tant que faire se peut, au changement climatique. « Ce qui m’a intéressé dans la posture d’Agroof, c’est leur approche scientifique, témoigne Franck Renouard, par ailleurs chirurgien-dentiste à Paris. Et puis on ne prend jamais un grand risque à planter des arbres sinon celui de créer, avec les années, de nouvelles oasis de biodiversité. » 

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Engagés dans ce programme baptisé « 20 000 Pieds sur Terre », trois parrains venus de Paris viennent voir le chantier. « C’est à la fois l’occasion de rendre visite à un grand ami, de nous rapprocher du précieux métier de la terre et de soutenir une démarche aussi pragmatique que cohérente », témoigne Olivier Amiot, chef du restaurant « Monsieur Moulinot » à Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine. Comme ces trois entrepreneurs, « 42 entreprises contribuent à ce jour à la plantation de plus de 9 000 arbres et au financement de 57 jours de recherche en agroforesterie », recense Virginie Sanfelieu, l’animatrice d’Agroof qui développe ce lien entre les entreprises et le milieu agricole. Dans le Gard, le laboratoire Gravier, Arcadie, Partnaire, Snef, Cereg, Pop Green, BRL ou encore Royal Canin soutiennent autant d’éleveurs, de vignerons, de producteurs de plantes aromatiques et médicinales. « En s’engageant, ils ne font pas de greenwashing car il n’est pas question de leur promettre une quelconque compensation carbone. Les parrains se proposent plutôt de partager une expérience humaine concrète, locale et durable pour l’environnement et l’agriculture ». Comme un arbre dans la vigne, aurait chanté Maxime... le Forestier.